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27/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 4 : The Time of Angels (1)


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Avec The Time of Angels, Steven Moffat renoue avec ses apports majeurs des saisons précédentes, issues de l'ère de R. T. Davies. La première partie de ce double épisode marque en effet le retour d'une des créatures les plus marquantes de ces dernières saisons, auxquelles demeure associé l'ordre qui résonne encore dans la tête du téléspectateur lorsqu'il éteint sa télévision, "Do not blink" : je veux bien entendu parler des Weeping Angels. Mais c'est également l'occasion de vivre une nouvelle aventure dans la vie (très) mouvementée de River Song, pour une première rencontre avec Eleven qui tient toutes ses promesses, tant l'alchimie entre Alex Kingston et Matt Smith est flagrante. En résumé, c'est du grand Doctor Who qui nous est proposé au cours de la première partie de ce double épisode.

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Construit sur un schéma similaire au précédent double épisode mettant en scène l'introduction de River Song dans l'univers Whonesque (Silence in the librairy/Forest of the Dead), se déroulant toujours dans ce fameux LIe siècle si cher à l'imagination fertile des scénaristes, le Docteur répond une nouvelle fois à l'appel pressant d'une River Song aux nerfs d'acier qui exploite les paradoxes temporels et sa connaissance du Time Lord avec une maîtrise et un sang froid impressionnants. Après une introduction aux accents cinéphiles, dans un style James Bond revendiqué, c'est en effet par le biais de la "boîte noire" d'un vaisseau, exposé dans un musée visité par le Docteur 12.000 ans plus tard, que River transmet avec assurance un message de vie ou de mort à ce dernier, avant de s'auto-air-locker de l'appareil dans lequel elle se trouvait en infraction.

La première rencontre entre Eleven et River va se révéler à la hauteur des attentes du téléspectateur. Le caractère et la personnalité entreprenante de River font merveille aux côtés d'un Docteur qui ne maîtrise pas encore l'ensemble de son univers, suite à sa regénération. Ainsi River prend-elle en main la poursuite du vaisseau qu'elle vient de quitter, s'installant avec aplomb aux commandes du Tardis. Si elle fait perdre au vol le caractère pittoresque et atypique que le Docteur entretient, l'efficacité est en revanche maximale. Mais rien que pour provoquer l'imitation du bruitage du Tardis par Eleven, son incontournable associé à l'attérissage, la scène vaut son pesant de cacahouètes.

Si le personnage de River gagne à chaque rencontre en complexité, découvrant également une part de zones d'ombres, les scénaristes poursuivent, avec une certaine maline, la narration de sa relation avec le Docteur à travers le tourbillon chaotique de leurs timelines respectives qui s'entrecroisent, sans respecter la plus basique des chronologies. Témoin privilégié d'une histoire vécue suivant le point de vue du Docteur, le téléspectateur observe cela avec un mélange de fascination pour la solidité de liens forgés dans de telles conditions - même s'il nous manque une bonne partie de l'histoire fondatrice - et de curiosité face à ce personnage fort, mais également mystérieux, qu'incarne River. En gardant ses secrets et, présentement, en ne révèlant pas toute la vérité sur la mission dans laquelle elle entraîne le Docteur, elle cultive un côté toujours plus intriguant. La confiance aveugle qui lui est accordée naturellement se mêle d'ambiguïté, une ambivalence du personnage qui lui confère une dimension supplémentaire. N'est-ce pas aussi cela qui fait d'elle quelqu'un de très "spécial", ne la réduisant pas à son seul lien avec notre Time Lord ?

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Outre River Song, l'épisode s'annonçait assurément mémorable en raison du retour d'une des créatures mythologiques les plus fascinantes de l'univers Whonesque, les Weeping Angels. Ils sont restés dans l'imaginaire du téléspectateur ces êtres inquiétants qui délivrèrent un des plus glaçants, et réussis, épisode de la série depuis son retour en 2005, Blink. Steven Moffat avait alors démontré avec quelle maestria il pouvait s'arroger le droit de jouer avec les peurs et les instincts du téléspectateur, sans pour autant jamais franchir la frontière du divertissement familial. Avec une aisance déconcertante, le scénariste poursuit donc sa juste exploitation des irrationnelles craintes qui se dissimulent dans les recoins de l'esprit humain. Il parvient à faire prendre forme à des concepts, dont la simplicité, étonnamment authentique, se révèle plus marquante que bien des débauches d'effets spéciaux : "Do not blink". Le vrai pouvoir de ces storylines réside dans l'ambiance et la suggestion qu'elles sont capables de générer. The Time of Angels embrasse cet héritage.

Conduite avec efficacité, la réintroduction des Angels s'opère pourtant avec relativement peu d'explications. Du moins, pour le moment. Si River embarque le Docteur dans cette mission sans sourciller, s'assurant pragmatiquement du seul renfort qui peut compter face à de tels êtres - l'enthousiasme encore naïf d'Amy achevant les dernières résistances du Time Lord -, la fière aventurière du LIe siècle cache ses propres secrets. Il manque au téléspectateur certaines pièces du puzzle sans doute déterminantes pour comprendre ce qui est en jeu. Conduisant une expédition d'ecclésiastiques-soldats, la jeune femme semble avoir conclu, avec ces derniers, un accord duquel ne nous sont données que quelques bribes d'indices, parcellaires et distillées au compte-goutte. Insuffisant pour pleinement cerner tous les tenants et aboutissants, mais parfait pour intriguer et aiguiser la curiosité du téléspectateur, ce qui est bien là l'essentiel.

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Le téléspectateur se retrouve immédiatement plongé dans une aventure très prenante, dont il faut saluer la construction narrative. Après avoir sauvé River, sur l'impulsion de cette dernière, le Docteur suit le vaisseau d'où elle s'est éjectée, jusqu'à la fin de ce dernier... assistant à son crash dans les vestiges archéologiques en ruine d'une planète autrefois occupée par une ancienne civilisation, mais désormais colonisée par la race humaine. Or, à son bord, expliquant d'ailleurs la présence de River, se trouvait une créature "de légende" : un Weeping Angel. Dans un état pseudo-dormant depuis sa découverte il y a quelques temps déjà, statue de pierre à l'apparence imperturbable. Cependant, le crash et l'énergie générée rompent logiquement cette fragile trêve. A partir de là, ce ne sont que difficultés sur difficultés qui ne vont cesser de surgir pour le Docteur et ses compagnons. La situation empire au fur et à mesure que sa complexité réelle se fait jour. Une seule chose est certaine : cela va être l'occasion d'en apprendre bien plus sur les Anges.

Ce qui est très intéressant dans la façon dont The Time of Angels se déroule, c'est que, même s'il ne s'agit que d'une première partie, l'épisode ne perd pas son temps en longues expositions inutiles. Au contraire, il s'apprécie par lui-même, la tension allant crescendo. A ce titre, il est particulièrement opportun que le premier face-à-face avec cette angoisse qu'incarnent et reflètent les Weeping Angels est lieu par le biais d'une confrontation avec une simple représentation qui prend corps sous le regard effrayé d'Amy. En plus de replacer la jeune femme sur le devant d'une storyline d'où elle a été éclipsée par la forte présence de River, c'est une première petite mise en bouche des plus piquantes, qui plonge instantanément le téléspectateur dans la tension ambiante. *Do not blink*

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Aventure divertissante, où l'humour n'hésite pas à poindre en dépit de l'urgence d'une situation qui tourne finalement au drame, il convient de préciser que l'épisode s'inscrit dans une tonalité très différente de celle, plutôt atypique, qui avait contribué à la spécificité de Blink. Loin de l'ambiance presque effrayante qui régnait alors, nous sommes ici dans un registre d'action, résolument divertissant et dynamique. Au-delà des piques de tension engendrées par le maniement d'une si fascinante et inquiétante créature, les réparties échangées entre River et le Docteur assurent des moments plus légers. Moins crispant que Blink, The Time of Angels apparaît, dans cette première partie, comme une évolution logique : la continuation légitime de l'exploitation de des Anges au sein de l'univers Whonesque, offrant du divertissement de grand spectacle.

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Bilan : The Time of Angels représente le coktail parfait, entre suspense, aventure, humour et drame, que l'on peut légitimement attendre d'un épisode de Doctor Who. Nous plongeant dans une aventure prenante et rythmée, l'épisode est une réussite sur un plan humain (la relation entre le Docteur et River devient à chaque ligne plus intriguante), mais aussi dans ce registre tant apprécié du vrai divertissement, maniant habilement les ruptures et changements de tons. Du Doctor Who comme on l'aime en somme. En dépit du fait qu'il s'agisse de la première partie d'un arc plus long, l'épisode s'apprécie par lui-même, très plaisant à suivre, et se terminant, comme il se doit, sur un cliffhanger à vous faire regretter de ne pas avoir sous la main votre propre Tardis pour être déjà samedi prochain !

NOTE : 9/10


La bande-annonce du prochain épisode, Flesh and Stone (la seconde partie) :


20/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 3 : Victory of the Daleks


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Déjà la troisième aventure pour Doctor Who ! En attendant des retours assurément marquants pour la semaine prochaine (au vu de la bande-annonce), l'épisode de samedi dernier, embrassant pleinement l'héritage des saisons précédentes, reprenait des ingrédients figurant parmi les plus grands classiques de la série : des ennemis du Docteur jusqu'au cadre d'un Londres en pleine Seconde Guerre Mondiale. Au-delà d'une aventure qui déroule sans réelle surprise, c'était surtout l'occasion de poser des jalons pour le futur de la série, regénérant l'ombre menaçante des Daleks en arrière-plan, tandis que l'univers n'en finit plus de se craqueler.

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Victory of the Daleks est un épisode qui présente une construction narrative très similaire à celui de la semaine précédente. Le cadre demeure l'Angleterre - version "terrestre" cette fois -, dans un environnement a priori non hostile au Docteur. Ce dernier répond à l'appel d'une vieille connaissance, figure historique incontournable du XXe siècle britannique, Winston Churchill. Cela les conduit logiquement dans une époque déjà bien explorée, mais dont la symbolique semble ne jamais être épuisée auprès des scénaristes, le blitz de Londres, durant la Seconde Guerre Mondiale. Epreuve dans l'adversité fondatrice, symbole d'une résistance qui plie, mais ne rompt pas. Quoiqu'en disait Steven Moffat dans le Confidential du premier épisode, Doctor Who n'aura donc pas tardé à retrouver la Tamise et la silhouette familière de Big Ben ; et, en un sens, le téléspectateur s'en réjouit, car il est vrai que l'identité du Docteur s'attache désormais à cette ville par bien des aspects. Un pèlerinage régulier apparaît donc logique.

Dans le même ordre d'idées, en transposition d'une figure britannique célèbre, Winston Churchill et son cigare n'auront pas dépareillé dans cet épisode. D'ailleurs, ses intéractions avec le Docteur ont instantanément placé l'histoire sur de bons rails, constituant un plus indéniable, les piques échangées apportant un dynamisme plaisant. En effet, loin de tout formalisme rigide, leurs rapports naviguent entre la complicité de vieilles connaissances et les contraintes d'un fort caractère qui les poussent à être tentés de réorganiser leurs priorités en s'orientant vers des intérêts divergents (la clé du Tardis pour Churchill ; les Daleks pour le Docteur). Les échanges restent courtois et se font dans la bonne humeur. Si cela semble un peu comme une reproduction du schéma du second épisode : un officiel britannique connaissant le Docteur (ou du moins son existence), Doctor Who n'a pas toujours tranposé de la plus convaincante des façons des icônes historiques. Ici, le pari est réussi.

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L'épisode marque le retour d'un ennemi majeur du Docteur, indissociable de son univers : les Daleks. Par la plus étrange des ironies, les voilà, comme narguant le Docteur avec ce petit drapeau britannique dont leur front est affublé, crapahutant dans le QG de guerre de Churchill, arme secrète, soi-disant concoctée dans le secret d'un laboratoire, sensée permettre la victoire contre les Nazis. S'ils se prétendent serviables, invention humaine supposée docile, il est évident que le Docteur voit instantanément rouge. Il ne fait guère de doute au téléspectateur, comme au Docteur, qu'un stratagème se cache derrière cette apparence trompeuse et qu'un piège se refermera tôt ou tard sur ces humains bien crédules. Churchill s'accroche à cette arme qui leur confère une supériorité technologique impressionnante, refusant de sacrifier des vies humaines qu'il pense pouvoir sauver, en dépit du discours enflammé d'un Docteur rapidement intenable.

Il faut dire que c'est une situation somme toute assez inhabituelle pour ce dernier, d'être si proche des Daleks, sans hostilité ouverte en apparence. Il y a comme un voile d'irréel qui flotte sur ces scènes assez étonnantes. Logiquement, arrive le moment attendu où les masques tombent, où le plan se révèle... encore une fois de la plus ironique des façons. Les quelques Daleks survivants ont réussi à retrouver une capsule contenant de l'ADN pure de leur race : de quoi regénérer leur civilisation. Mais, les mille et une épreuves qu'ils ont eu à traverser font que leur propre technologie ne les reconnaît plus. Pour activer ce processus de résurrection salvateur, ils mettent au point une stratégie de contournement. Quoi de mieux que la reconnaissance formelle de leur véritable nature par le plus grand ennemi des Daleks ? C'est là que l'infiltration du côté de chez ce cher Winston prend tout son sens : pour s'assurer de la visite rapide du Docteur, il fallait prendre ses quartiers en Angleterre, si possible chez une connaissance de ce dernier.

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En dépit de tous ces éléments potentiellement explosifs sur fond de conflit humain mondial, l'affrontement réel auquel on peut légitimement s'attendre ne va pas avoir lieu. En effet, l'épisode s'inscrit dans une portée plus lointaine, prenant rendez-vous avec le futur, et ne s'attachant donc pas à offrir une véritable fin. Dans la guerre que se livrent le Docteur et les Daleks, ceci est une simple bataille. Une pseudo "escarmouche" qui tourne à l'avantage des Daleks, qui parviennent à mettre en oeuvre leur plan d'origine : se regénérer en proposant comme nouvel adversaire au Docteur, une génération de Daleks non affectée par les batailles précédentes. L'occasion d'un léger redesign pour ces robots à l'apparence immuables, liés à la série depuis ses origines : les "salières sur roulettes" seront désormais colorées !

Le fait que l'épisode soit plutôt tourné vers la suite fait passer un peu en retrait les quelques enjeux immédiats réglés au cours de l'épisode, avec notamment cet androïde humanoïde, création des Daleks, qui embrassera l'humanité et ses émotions - métaphore classique dans l'univers de Doctor Who -, permettant à la Terre d'éviter de justesse une fin imprévue. Si l'ensemble reste plaisant à suivre, le téléspectateur sent que les enjeux sont ailleurs et qu'on lui délivre plus un apéritif et des promesses pour l'avenir, qu'une aventure pleine et entière pour l'épisode. Ce dernier est pourtant mené tambour-battant à un rythme entraînant. Il s'attache opportunément à démontrer la complémentarité entre Eleven et Amy, la jeune femme intervenant encore une fois au dernier moment pour sauver la situation. Cependant, au-delà de l'efficacité collective qui n'est plus à démontrer, les scénaristes pourront peut-être prochainement prendre le temps de s'attarder sur le relationnel existant au sein du duo. Qu'il s'agisse d'une complicité ou d'une réelle amitié, il serait bon de les voir plus intéragir côte à côte ; même si la confrontation avec un ennemi aussi emblématique que les Daleks requérait probablement un face-à-face seul avec le Docteur.

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Si les Daleks ne sont pas mes ennemis récurrents favoris dans l'univers, il y a cependant un aspect que j'apprécie tout particulièrement lorsqu'ils sont présents : c'est d'être témoin des réactions du Docteur face à eux. Ce sont les seuls à le toucher aussi viscéralement et cet épisode nous permettait d'inaugurer la première rencontre avec Eleven. C'est sans doute le point qui m'a le plus satisfait dans l'épisode, ce jeu d'émotions constituant sans doute l'aspect le plus ambivalent d'un récit relativement bien balisé et manichéen. Initialement, en découvrant leur présence, le Time Lord réagit instinctivement et de manière particulièrement intense. Immédiatement, c'est une révulsion profonde et passionnelle qui se manifeste. Le Docteur semble mal contenir ses émotions face à des Daleks dont l'indifférence accroît sa frustration. Si la confrontation réelle a ensuite lieu. Empruntant une voie très classique, elle tient toutes ses promesses, même si elle se cantonne avant tout à un dialogue explicatif pour le téléspectateur. Mais parce qu'il n'y a que le Docteur pour prétendre qu'un biscuit est un détonateur déclenchant l'autodestruction de son vaisseau, cela reste des scènes à part.

Enfin, ma préférée demeure celle à la fin de l'épisode. Le Time Lord est confronté à un choix qui n'en est pas un, où les Daleks lui imposent l'alternative suivante : soit saisir sa seule chance d'anéantir "à jamais" ses ennemis les plus intimes, soit sauver la planète Terre, en empêchant l'explosion d'une bombe. Le Docteur choisit-il la vie en général ou les humains en particulier lorsqu'il décide d'abandonner le vaisseau Daleks pour regagner Londres en catastrophe ? Reste qu'une fois le pire évité, sa réaction lorsqu'il apprend que les Daleks se sont déjà enfuis de l'orbite spatiale, avant qu'il puisse y retourner, laisse songeur le téléspectateur. Le Docteur reste en effet un instant comme interdit : anéanti par l'idée de cette opportunité qu'il n'a pas su saisir ou par la pensée de Daleks regénérés qui vont reconstruire leur force ? Peut-être un peu des deux. Il lui faudra quelques secondes et l'insistance d'Amy pour digérer cela, et, enfin, d'esquisser un sourire devant cette relative happy end immédiate - ou du moins, temporaire. Mais cette courte période où il se fige complètement restera une des scènes les plus fortes de l'épisode. Une occasion supplémentaire d'adopter définitivement Matt Smith.

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Bilan : Si l'épisode marque une étape nécessaire dans le développement d'Eleven, avec sa première confrontation avec les Daleks, il prend surtout des rendez-vous pour l'avenir, tout en délivrant une aventure très plaisante à suivre, même si c'est vers la suite que le téléspectateur se tourne à la fin. Car si les Daleks sont de nouveau une menace bien réelle, une autre devient de plus en plus concrète. Les failles sur la surface de la réalité, cela donne surtout un esthétique troublant. Mais des souvenirs d'évènements "fixés dans le temps" qui s'évaporent, avec Amy qui ne sait rien des Daleks en dépit de leurs attaques très visibles à son époque, cela commence à être inquiétant.


NOTE : 8/10


Le prochain épisode, c'est a priori un condensé du passé de Doctor Who à la sauce Moffat. Can't wait !


11/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 2 : The Beast Below

In bed above, we're deep asleep
While greater love lies further deep
This dream must end
This world must know

We all depend on the beast below.

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Mine de rien, une fois passée l'introduction effectuée lors du premier épisode, voici le téléspectateur presque aussi impatient que nos deux héros pour embarquer dans la première "vraie" aventure officielle d'Amy et Eleven. Conservant une tonalité assez innocente, en dépit d'un flirt avec la part la plus sombre de la nature de chacun, l'épisode s'attache avant tout - avec beaucoup d'entrain - à installer une dynamique au sein du nouveau duo qui se forme sous nos yeux : une présentation qui s'opère tant à destination du téléspectateur que pour chacun des deux personnages.

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Se baladant de façon insouciante dans les étoiles en profitant du cadre somptueux offert par le paysage, qui est toujours traité d'une façon restant très proche du merveilleux et du féérique - la vision présentée au téléspectateur semblant filtrée à travers les yeux d'Amy - , nos deux héros croisent la route du Starship UK. Qui n'est rien moins que la nation britannique en promenade dans l'espace ; ou plutôt en exil forcé de survie après que le soleil ait consummé la surface terrestre, la laissant inhabitable. La Grande-Bretagne a donc construit un gigantesque vaisseau, sorte de ville géante, pour survivre et partir en quête d'un nouveau foyer. Vue des étoiles, cette agglomération grise sur la coque de laquelle trône fièrement un drapeau britannique, a fière allure. Cependant, évidemment, les voyages à simple portée touristique n'existent pas dans l'univers du Docteur, le Tardis les conduisant invariablement dans des lieux où sa présence serait plus que la bienvenue.

C'est également le cas à bord du Starship UK. Sur quel mystère, quel non-dit, repose cette civilisation survivante ? Un secret se trouve en son coeur, fondation inavouable qui menace de l'étouffer et de détruire son âme-même. L'épisode progresse rapidement, fonctionnant sur des ficelles assez grosses qui pointent d'emblée vers l'étrange atmosphère qui règne à bord. De cette ambiance assez inquiétante, mais qui repose uniquement sur des suggestions, il en ressort surtout l'impression qu'il s'agit d'une intrigue de mise en route pour un Docteur désormais opérationnel. On prend le temps de découvrir comment le Time Lord raisonne, quels indices l'interpellent : c'est l'occasion pour Amy d'entrevoir la manière de fonctionner de son compagnon. Ce dernier reste toujours aussi dynamique, virevoltant et survolté, personnage entraînant aux côtés duquel la jeune écossaise impose progressivement un style et un caractère des plus affirmés.

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Là où l'épisode peut peut-être un peu décevoir, c'est dans l'ambition toute relative qui sous-tend son scénario. Il souhaite simplement proposer une aventure sans réelle conséquence, ayant principalement pour but de présenter la dynamique à venir entre ses deux personnages principaux. Une portée somme toute assez réduite qui correspond finalement à un début de nouvel ère, à un deuxième épisode d'une saison marquant un profond renouvellement...

L'intrigue de l'épisode donne l'impression de dérouler sans forcer, avec une certaine aisance qui s'apparente à un doux ronronnement pourtant conduit à un rythme élevé, mais sans véritablement marquer. Il s'agit d'une histoire aux ressorts très classiques. s'inscrivant dans la plus pure tradition de la série. Les thématiques abordées sont particulièrement connues, avec, en arrière-plan, le désir de revendiquer un héritage Who-esque qui est pleinement assumé. En toile de fond, l'enjeu demeure bien évidemment la survie de l'humanité, avec la problématique de ses rapports avec des extraterrestres, ou plutôt un alien en particulier. Mais ici, point d'invasion ou de victimes humaines, nous nous situons sur cet autre versant, plus redouté, celui du pan le plus sombre de la race humaine, également classique dans Doctor Who, dans lequel la fin est perçue comme justifiant les moyens : au coeur de cette histoire se trouve une interrogation sur les sacrifices moraux que l'humanité est prête à accomplir pour parvenir à survivre.

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Cependant la résolution du choix impossible posé au Docteur, finalement d'une simplicité presque trop déconcertante, amoindrit la portée d'un épisode à l'écriture innocente ou naîve, suivant la perspective du  téléspectateur. Si le but d'installation des personnages est atteint, le happy end, qui vient conclure cet épisode très (trop ?) calibré, pèche par son format : une succession d'évidences, énoncées à voix haute sans subtilité, venant précipiter, sans qu'on ait vraiment perçu initialement ce tournant, la consécration d'une compréhension mutuelle entre Amy et Eleven. En soudant ainsi les liens qui vont unir ce duo, cette histoire n'est pas aussi anecdotique que le désamorcement de crise accéléré qu'elle propose pourrait le faire penser, mais la conclusion garde un arrière-goût artificiel, qu'elle aurait pu s'éviter si l'écriture avait été plus fine.

En somme, cet épisode consacre la création d'une véritable équipe, complémentaire et où chacun est placé sur un pied d'égalité. Si cela s'opère d'une façon manquant singulièrement de naturel, au final, il délivre un récit plaisant, sans véritable autre conséquence : c'est une jolie histoire qui cadre bien avec l'idée d'un début de voyage où l'euphorie, portée par une forme d'inconscience, peut encore régner.

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Pour transposer à l'écran cette histoire, la force de l'épisode doit beaucoup à sa guest-star principale, qui impose une présence  particulièrement marquante à l'écran, Sophie Okonedo (Criminal Justice). Elle délivre en effet une performance très convaincante dans son rôle d'Altesse Royale, Elizabeth X, parvenant d'ailleurs en quelques brèves scènes à insuffler une force et une ambivalence à son personnage qui font leur effet sur le téléspectateur, ne pouvant rester indifférent au dilemme moral ainsi mis en exergue.

Du côté du casting principal, Matt Smith avait déjà assuré son intronisation en Docteur au cours du season premiere : de façon déjà presque routinière, il continue sur sa lancée, toujours prompt au théâtralisme, et dévoilant un personnage peut-être plus porté à se révéler, n'hésitant pas à se montrer sous un jour très tranchant et un brin plus sombre que sa précédente regénération. Le traitement un peu maladroit de l'intrigue ne permet pas d'apporter des réponses définitives sur Eleven, mais on perçoit, chevillé au coeur, tant l'existence de failles et de zones d'ombre que cette profonde affection pour le genre humain, constante immuable. Ayant surtout cultivé jusqu'à présent une certaine ambiguïté, j'attends de voir comment Matt Smith sera en mesure d'exposer les aspects les plus sombres du Docteur.

Karen Gillan doit, pour sa part, mener à bien sa première "vraie" aventure complète. Elle le fait avec beaucoup d'aplomb ; mais son personnage nous laisse encore un peu dans l'expectative, notamment en raison de ses hésitations, tel le secret qu'elle maintient autour de son mariage. Au fond, cet épisode constitue son intronisation à elle, s'affirmant vis-à-vis du Docteur. Cependant, elle semble n'avoir pas encore pleinement choisi sa façon d'être : entre sarcasme et émerveillement, entre impulsivité irréfléchie et pragmatisme très terre-à-terre (le choix qu'elle fait d'oublier pour ne pas imposer ce dilemme impossible au Docteur), elle navigue finalement à vue entre Amelia et Amy, entre la petite fille qui rêvait des étoiles et la jeune femme endurcie. Cela laisse place à l'interrogation ; nous verrons comment Karen Gillan saura jouer sur cette ambivalence dans laquelle elle investit pour le moment beaucoup d'énergie.

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Si l'épisode regorge de petits détails, plus ou moins utiles à l'intrigue, mais qui font aussi la différence et touchent le téléspectateur, les références anecdotiques marquantes dont l'épisode pullule ne sont pas des auto-références à l'univers Who-esque, mais plutôt un flirt continuel avec une trilogie cinématographique fondatrice de la science-fiction. En effet, le téléspectateur fronce les sourcils dès la première phrase tout droit extraite du recueil des citations cultes, au cours d'une scène où une jeune femme, qui se révèle être de sang royal, déclare au docteur : "Help us, Doctor. You're our only hope". Un attérissage dans la bouche d'un gigantesque extraterreste - d'où le Docteur parvient à les faire expulser - plus tard, le tout pour se conclure sur un final devant une baie vitrée offrant un spectacle étoilé grandiose, accompagnée de la transition en balayage d'une scène à l'autre dans la réalisation : il n'y a plus aucun doute sur l'oeuvre de SF que le scénariste avait à l'esprit lorsqu'il a écrit l'épisode : Star Wars.

Mais au fond, n'est-ce pas un hommage en parfaite adéquation avec la tonalité et la portée recherchée par cet épisode de Doctor Who : quelle oeuvre symbolise mieux que Star Wars l'exploitation de thèmes simples et fédérateurs, portée par un enthousiasme assez innocent ?

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Bilan : Ce deuxième épisode entend sceller l'installation du duo Eleven/Amy. Utilisant des thématiques très classiques de Doctor Who, s'en s'économiser une brève réflexion sur ce que l'humanité est prête à faire pour assurer sa survie, il présente une histoire assez simple où perce encore l'euphorie de l'ambiance des débuts de voyage. Laissant une impression au final un peu anecdotique, sa portée est amoindrie par une écriture d'une naîveté qui confine peut-être à la maladresse par moment. Cependant, l'aventure demeure plaisante et constitue une mise à bouche des plus entraînantes.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce du prochain épisode (de l'immuable !) :


05/04/2010

(UK) Doctor Who Confidential, series 5, episode 1 : Call me the Doctor

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Pour faire un peu plus connaissance avec les nouveaux membres de l'équipe en ce début de saison 5, rien ne vaut un petit Doctor Who Confidential. Celui qui suit le premier épisode est opportunément nommé "Call me the Doctor". Outre assouvir mes envies de picspams (mais on n'a jamais trop de Docteur sur son blog, non ?) et nourrir une obsession qui prend des proportions chaque jour un peu plus envahissantes (bien revigorée par la qualité de ce premiere), c'est toujours intéressant de prendre le temps d'écouter quelle vision ceux qui sont en charge avaient pour l'histoire qu'ils ont mise en scène.

Ce n'est pas une note que je ferais pour chaque épisode de la saison, mais, pour aujourd'hui, profitons de ce jour férié pour aller se balader en coulisses.

(Rassurez-moi, je ne suis quand même pas la seule à prendre le temps d'ajouter 40 minutes de vidéo supplémentaire pour avoir ma dose hebdomadaire du Docteur ?)

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Rien que pour retrouver toute l'équipe en répétition, dans une ambiance détendue, plaisantant entre eux autour de la table de réunion, cela vaut le détour et fait démarrer ce Confidential dans une bonne humeur rapidement contagieuse pour le téléspectateur, encore sous le charme du premier épisode de la saison. Toute l'équipe se familiarise avec chacun des nouveaux membres, en répétant les premières scènes de l'épisode ; et nous découvrons Steven Moffat en chef d'orchestre, qui va donc être notre guide et le décrypteur de cette saison.

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Logiquement, le premier sujet évoqué va être le changement de Docteur, et plus précisément, l'intronisation de Matt Smith dans ce rôle. Donc, avant de s'intéresser au contenu de l'épisode, on nous propose le récit de la façon dont l'acteur a obtenu le rôle et ce que cela symbolise et signifie pour lui. De petites anecdotes assez fun, qui sont surtout l'occasion pour le téléspectateur d'adopter instantanément Matt Smith, avec un angle d'interview un peu plus personnel choisi à dessein.

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Steven Moffat vient également expliquer les raisons pour lesquelles Matt Smith était fait pour ce rôle : de sa façon d'être, naturellement, jusqu'à ses cheveux, tout collait au portrait-robot imaginé par le scénariste. A ce sujet, ce qui m'a marquée dans le premier épisode, c'est combien Matt Smith renvoyait parfaitement l'image d'ambivalence jeune/ancien recherchée ; c'était l'objectif annoncé, mais de ce point de vue, il est certain que, quoique les médias aient pu écrire dans les semaines suivant l'annonce, la jeunesse de l'acteur va constituer un atout pour construire son personnage dans ce registre très particulier propre à un Time Lord de près d'un millénaire.

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Dans une approche toujours assez personnelle, pour atteindre l'objectif "faisons adopter Matt Smith au téléspectateur" (alors même que, franchement, toute cette débauche de bons sentiments n'était pas nécessaire - je l'aime déjà cet acteur !), le Confidential nous fait rencontrer parents et grand-parent (!), qui y vont de leurs petites anecdotes sur la façon dont leur fils leur a appris la nouvelle, mais aussi sur le fait que l'on croise des personnes avec un degré de fan-attitude encore plus marquée que le mien dans les contrées anglaises !

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Une fois cette présentation faite, nous pouvons revenir à des choses plus sérieuses, avec le décryptage de l'épisode du jour. Steven Moffat insiste sur sa conception de la transition entre deux êtres (Ten et Eleven) qui restent bien une seule et même personne, tout en soulignant la symbolique de ce premier épisode, où Eleven se regénère quasiment jusqu'à la fin, tant physiquement que du point de vue de sa personnalité. C'est la confrontation finale avec les Atraxis et le choix du costume qui parachèvent le processus.

Outre ces précisions narratives, Adam Smith, le réalisateur, vient apporter son bagage technique, déconstruisant plusieurs scènes, tant en expliquant certains effets rendus par la caméra pour accentuer l'importance de moments clés, ou bien simplement en nous montrant la conception de certains montages, tels le passage où la caméra s'immisce dans la tête du Docteur pour repérer le détail qui cloche dans la scène où tout le monde prend en photo le soleil qui s'est obscurci.

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(*Fashion suicide* Non, je ne veux pas savoir d'où sortent les habits que porte Matt Smith dans ce passage.)

Le Confidential s'intéresse aussi aux autres grandes nouveautés de cette saison, à commencer par un nouveau Tardis, regénéré lui-aussi, à qui on a fait subir un lifting et redesign complets. Une fois encore, c'est le soin accordé aux détails de cette entière reconstruction qui frappe, tandis que le téléspectateur découvre le nouveau Tardis aux côtés de Matt Smith.

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Le premier grand changement est une question d'échelle. C'est encore plus "bigger on the inside" que précédemment, puisque sa superficie intérieure a été doublée par rapport à la précédente version. Encore une fois, les choses ont été vues en grand et c'est assez impressionnant. J'aime beaucoup le jeu de couleurs auquel ils sont parvenus, c'est très classe.

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Je parlais du soin accordé aux détails, il n'y a qu'à les voir couver le tableau de bord pour bien prendre conscience qu'on est face à des passionnés. De la machine à écrire intégrée jusqu'à toutes ces petites manettes qui ne demandent qu'à être actionnées, il y a eu une volonté de rendre l'ensemble plus animé, de façon à bien souligner le caractère vivant du Tardis. Et cela revèle plutôt bien réussi !

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Une fois toutes ces introductions faites, le Confidential revient un peu plus à la trame de l'épisode, reprenant le récit narratif, pour nous proposer une dernière présentation fondamentale : celle d'Amy/Amelia Pond.

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Karen Gillan nous explique son personnage, qu'elle semble avoir bien cerné, en appuyant bien sur son côté très déterminé et décidé. La petite fille qui chérissait sa part d'imaginaire est devenue une jeune femme endurcie par ses désillusions (causées par le Docteur), qui a appris à privilégier son indépendance et à ne dépendre de personne, armée d'une volonté de fer et d'un fort caractère pas toujours facile à gérer.

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Le Confidential consacre aussi quelques minutes à l'adorable Caitlin Blackwood, dont on apprend qu'il s'agissait du premier tournage auquel elle prenait part. Elle n'avait jamais joué devant une caméra auparavant ; si bien qu'elle n'avait ainsi qu'une seule consigne : être naturelle. Autant dire qu'elle réussit très bien dans ce registre de l'innocence touchant aux contes de fées.

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Enfin, le Confidential nous amène sur le tournage de quelques scènes en extérieur, à la rencontre aussi de l'acteur incarnant le petit ami d'Amy.

C'était apparemment très important de ne pas tourner à Londres pour ce premiere, la ville semble être devenue, au fil des saisons, le centre névralgique invariable des épisodes se déroulant à notre époque. Si bien que les scénaristes ont voulu très opportunément rompre avec ce schéma. D'où l'idée de partir s'exiler dans un petit village "typique" de l'Angleterre profonde, un cadre "pittoresque" grâce auquel nous aurons droit à quelques échanges extras au cours de l'épisode, avec un Docteur ne pouvant que constater que la seule chose que l'on trouve ici est un bureau de Poste... fermé... tandis qu'il aurait plutôt besoin d'une station nucléaire.

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Le dernier "suspense" du Confidential sera l'explosion du screwdriver de Ten, qui rend l'âme dans la main du nouveau Docteur. La préparation de la scène est assez anecdotique, mais permet de souligner la bonne ambiance qui règne sur le tournage. Matt Smith, au bord de l'hypothermie (se baladant en chemise, quand ses collègues supportent anorak et bouilloires), s'inquiète pour son pouce tandis que le spécialiste des effets spéciaux lui branche les fils nécessaires destinés à recréer l'explosion qui doit avoir lieu entre ses doigts.


Bref, Call me the Doctor est un Confidential très sympathique qui remplit pleinement son objectif premier : donner envie au téléspectateur d'adopter tout ce petit monde et ces nouvelles têtes qui nous sont présentées. Vivement la suite de ces aventures à l'écran comme en coulisses !

 

Petit aperçu de la suite avec le trailer des Doctor Who Confidential de cette saison 5, diffusé à la fin de ce Confidential :

04/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 1 : The Eleventh Hour

"All of time and space, everything that ever happened, or ever will...
Where do you want to start ?
Anywhere you want, any time you want."

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Quel beau week-end sériephile de Pâques ! Il aura tenu toutes ses promesses. Après le solide début de Ashes to Ashes, hier soir, c'était au tour du tant attendu nouveau Docteur de débarquer sur BBC1, avec un premier épisode des plus enthousiasmants qui m'a laissé un sourire jubilatoire skotché sur les lèvres pendant plusieurs heures. "A brand new Doctor", du générique d'ouverture (au sujet duquel je suis un peu mitigée) jusqu'au design d'intérieur du Tardis. Mais une chose est sûre : Steven Moffat, Matt Smith et toute la nouvelle équipe auront brillamment réussi leur examen de passage, laissant entrevoir sous un jour des plus optimistes la suite de cette cinquième saison.

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Le premier tournant à bien négocier pour les scénaristes était l'entrée en matière : parvenir à présenter et introduire rapidement auprès du téléspectateur le nouveau Docteur et son futur entourage destiné à l'accompagner au cours de la saison. Exploitant les décalages classiques des voyages temporels, c'est une rencontre, presque progressive et qui s'étale dans le temps, qui nous est proposée. Les premières scènes vont instantanément donner le ton à un épisode diablement dynamique, dans lequel on se laisse entraîner avec beaucoup de plaisir. Le premier contact entre Amelia Pond et le Docteur est des plus réussis, car il y touche l'imaginaire en jouant sur une innocence rafraîchissante. C'est la rencontre d'une fillette curieuse qui n'a pas froid aux yeux et d'un nouveau Docteur, encore en pleine euphorie de sa regénération et qui n'a pas parachevé sa transformation.

En plus d'inscrire l'épisode dans une tonalité très jubilatoire, ces premières scènes sont l'occasion pour Matt Smith d'imposer d'emblée son jeu et la façon dont il va incarner ce onzième Docteur. Entre maladresses de circonstances et une assurance frôlant l'arrogance qu'il arbore avec beaucoup d'aplomb, le téléspectateur ne doute pas un seul instant qu'il est bien face à une réincarnation du Docteur. Et quelle réincarnation ! Pleine de vie et d'énergie, virevoltant, avec une nouvelle personnalité clairement affirmée, et en même temps si reconnaissable, que Matt Smith s'approprie instantanément avec beaucoup de brio. Les tâtonnements culinaires dans la cuisine symbolisent, de la plus légère des façons, ce mélange indéfinissable d'éléments immuables, mais aussi d'étincelles propres à ce onzième docteur.

C'est une réussite parce que le téléspectateur ne pense pas un seul instant à dresser des comparaisons. Il intègre immédiatement cette donnée : Matt Smith EST le Docteur, il n'y a aucun place laissée au doute, aucune tergiversation. Il se laisse entraîner dans le tourbillon de sa présence sans la moindre hésitation, ni réticence.

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Une fois l'objectif de ce premier contact, parfaitement maîtrisé, atteint, l'histoire de l'épisode renoue avec la plus classique des aventures du Docteur. Lorsque, à bord de son Tardis en perdition, il se crasha dans le jardin d'Amelia Pond, quelque chose d'étrange était en train de se produire depuis plusieurs jours dans la chambre de la petite fille. Une faille, dans le mur, d'où provenait une voix mécanique inquiétante évoquant l'évasion d'un Prisonnier Zéro. Mais avec un Docteur loin de sa forme optimale, encore troublé par une regénération inachevée, et un Tardis en un plus mauvais état encore, la résolution de cette énigme allait prendre plus d'une décennie d'années humaines et faire frôler la fin du monde à la Terre. Car après avoir fait miroiter à Amelia la perspective des voyages à travers les étoiles et le temps, la féérie de cette rencontre tournera court : les cinq minutes d'absence promises, par un Docteur forcé de faire fonctionner un peu un Tardis en surchauffe, se transformèrent en douze années, au cours desquelles le problème ne fut pas fixé tandis qu'Amelia grandit.

La petite fille au nom tout droit tiré de contes de fée était devenue une jeune femme au caractère toujours aussi prononcé, lorsque le Docteur revint pour respecter sa promesse. Avec 12 années de retard. Les voyages temporels et ce déphasage qu'ils provoquent ont toujours été une constante complexe de l'univers de Doctor Who, et je trouve particulièrement intéressant ce choix d'avoir voulu faire expérimenter la frustration que cela peut générer chez les "simples mortels", à la future nouvelle assistante de ce dernier. Restait à régler le cas du prisonnier, avec des gardiens désormais aux portes de la Terre, prononçant un ultimatum apocalyptique, façon très Guide du Voyageur Galactique, dont nous sommes devenus familiers.

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L'importance de cette intrigue n'est pas sa finalité - on ne doute à aucun instant de la réussite du sauvetage de la planète - mais la façon dont le Docteur va mener cela à bien et le plaisir que l'on va prendre à ses côtés. Ce qui est au coeur de tout, c'est la genèse d'une nouvelle équipe, l'introduction d'un entourage avec lequel le téléspectateur va devoir également se familiariser. Encore une fois, c'est sans heurt et de manière très naturelle que tout s'emboîte et prend forme. L'objectif de l'aventure du jour est de poser les bases relationnelles qui vont constituer l'armature du reste de la saison. Et l'épisode y réussit fort bien, à commencer par l'instauration d'une dynamique des plus explosives entre le Docteur et une Amy qui ne s'en laisse pas compter, offrant de sacrées réparties et des échanges des plus énergiques avec le Time Lord.

En esquissant les contours de ces deux fortes personnalités, ce premier épisode promet beaucoup pour le futur. L'alchimie fonctionne entre ce duo de choc, très volontaire. Amy a déjà été suffisamment déçue par le Docteur - 4 psys et 14 ans d'attente au total avant de pénétrer, enfin, dans le Tardis - pour savoir prendre de la distance : elle est prête à toucher au rêve, mais elle ne sera pas submergée. De plus, les scénaristes ont la présence d'esprit de lui imposer un lien fort avec le présent et la Terre, puisque c'est la veille de son mariage qu'elle choisit d'accompagner le Docteur. En réalisant ce fantasme de petite fille, elle ne coupe pas pour autant les ponts avec sa vie "terrestre". En plus de constituer une opportunité narrative utile au cours de la saison, pour occasionner des retours sur Terre (avec un petit ami a priori déjà au courant de l'existence du Docteur, si le futur mari est bien l'infirmier avec lequel elle sortait deux ans auparavant), cela permettra aussi des aventures sans arrière-pensées trop prononcées entre nos deux personnages principaux.

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Si la dynamique prend bien et s'annonce très prometteuse entre Amy et le Docteur, l'épisode est également réusit car, tout en se tournant résolument vers le futur, il sait opèrer une transition dans la continuité de l'univers de Doctor Who. L'intronisation de Eleven, pour qui l'aventure du jour constitue finalement un baptême du feu, est menée de façon progressive et cohérente. Si bien qu'il est difficile de ne pas ressentir une pointe de jubilation mêlée de satisfaction devant les dernières scènes de confrontation concluant les intrigues. Avec un sens du théâtralisme, peut-être encore plus poussé que ses précédentes réincarnations, et une certaine arrogance propre aux Time Lords mais qu'il affiche avec pas mal de complaisance, Eleven scelle avec classe son arrivée, tant dans ses scènes contre le prisonnier que face aux Atraxi.

La forte symbolique contenue dans la dernière confrontation directe avec les Atraxi est particulièrement opportune. En même temps qu'il finalise son look personnel, imposant ainsi sa propre identité, il assume l'héritage de ses regénérations précédentes et revendique ses actions passées. Cette brève visualisation, proposée sur l'écran des Atraxi, des dix Docteurs qui ont auparavant protégé la Terre contre tant d'invasions et autres attaques extraterrestres est une forme d'adoubement : elle intronise Eleven comme leur successeur de la plus emblématique des manières.

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Enfin, un premier épisode de saison de Doctor Who ne saurait existé sans l'introduction, de façon la plus énigmatique et cryptique qui soit et sans la moindre subtilité, du fil rouge qui va guider la saison jusqu'au season finale. Cet épisode n'échappe pas à cette règle qui semble définitivement être rentrée dans les moeurs de la série. Le téléspectateur apprend ainsi que les craquelures dans le continuum espace-temps qui ont permis au Prisonnier Zéro de s'échapper ne sont pas de son fait ; et, avant d'être repris par les Atraxi, il a le temps de proposer au Docteur sa propre charade pour présenter le danger qui pointe cette fois à la porte de l'univers : "The universe is cracked. The Pandorica will open. Silence will fall." Il est rassurant de constater que certaines choses ne changent pas. "A brand new Doctor", mais toujours de fameux fils rouges présentées de façon assez unique !

L'épisode se conclut par un dernier retour du Docteur dans le jardin d'Amy, deux ans après avoir frôlé la fin du monde à cause des Atraxi. Ce dont Amy rêve depuis 14 ans va enfin pouvoir se produire. Mais, ironiquement, le Docteur revient la veille d'un des jours les plus importants de la vie de la jeune femme, un jour qui aurait sans doute refermé à jamais cette parenthèse de rêve qu'il avait lui-même ouverte il y a des années en rencontrant cette petite rousse curieuse qu'était Amelia Pond. Le lendemain est en effet programmé le mariage d'Amy. Même si elle ne partage pas cette information avec le Time Lord, ce dernier lui promet de la ramener de façon à ce qu'elle semble n'être jamais partie - la magie des voyages dans le temps.

Dans cette dernière scène, l'alchimie entre les deux personnages est des plus convaincantes ; et, surtout, elle se révèle à l'image de ce premier épisode, pleine d'un dynamisme et d'une forme d'optimisme contagieux : un appel attirant vers de nouvelles aventures, que le téléspectateur ne va pas hésiter un seul instant à suivre !

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Bilan : Il règne sur ce premier épisode une ambiance presque euphorisante assez jubilatoire qui introduit très efficacement cette saison 5. Aventure who-esque classique en guise de baptême du feu pour un nouveau Docteur, mais également présentation d'un nouvel entourage prometteur, l'épisode réussit pleinement à nous faire adopter, quasi-instantanément, ces nouveaux protagonistes, tout en posant de solides bases pleines de promesses pour la saison à venir. Matt Smith impose d'entrée sa présence : il EST le nouveau docteur, il n'y a pas l'ombre d'un doute. Sa relation avec sa nouvelle assistante démarre également sur d'excellentes fondations, Amy étant une femme de caractère qui a déjà goûté à l'aspect le plus frustrant d'une relation avec un voyageur dans le temps comme le Docteur. Tous les ingrédients sont donc solidement en place. Geronimoooo !


NOTE : 9/10


Une bande-annonce de la saison 5 diffusée à la fin de l'épisode :


Le nouveau générique de la série pour cette cinquième saison :